Pour remettre le travail au cœur du débat public, la CFDT livre les résultats de la plus grande enquête réalisée sur le sujet auprès des salariés français.
Le travail, en avoir ou pas ? Pour ceux qui en ont un, de boulot, de turbin, de taf – au gré des mille petits noms qu’on lui donne – reste, malgré tout, une source de joie. De franches rigolades, des amitiés, des désirs, des flirts, des projets partagés, des colères, des déceptions, des rancœurs, mais toujours de l’amour, même s’il est parfois cruel ou déçu.
C’est ce qui ressort de la grande enquête que la CFDT dévoile aujourd’hui afin de remettre ce sujet essentiel au cœur de la campagne électorale.
Un échantillon énorme de salariés – plus de 200 000 personnes – a répondu à 172 questions, offrant un panorama étonnant et parfois émouvant des relations troubles qui nous unissent à notre sphère professionnelle.
Le chômage en toile de fond
Un paysage très mitigé avec en fond de tableau le chômage, principale menace d’une carrière pour 47 % : 25 % des salariés exercent le métier de leur rêve alors que 25 % des autres ne sont pas satisfaits de leur parcours professionnel ; 30 % estiment mieux s’en sortir professionnellement que leurs parents, 29 % affirment le contraire.
Mais l’essentiel pour tous, c’est qu’il n’y a pas de bonne qualité de vie au travail sans marge de manœuvre et autonomie de décision. De cette analyse pointue, « Parlons travail » tire sept grands enseignements. Les voici, résumés.
J’aime mon travail
Plaisir, fierté, épanouissement, 76 % des répondants à l’enquête aiment leur travail, 71 % affirment rigoler souvent au travail et 56 % se disent globalement fiers de ce qu’ils font.
Même si 81 % travaillent avant tout pour subvenir à leurs besoins, le travail reste une source d’épanouissement car 38 % pensent qu’ils ne pourraient pas être heureux sans travail.
Ensemble, on travaille mieux, et plus…
Aux cyniques qui imaginent que le milieu du travail est un panier de crabe, les répondants à l’enquête rétorquent que l’inverse. 76 % trouvent les relations avec leurs collègues cordiales ou même formidables, 71 % s’y sont fait des amis, 19 % y ont déjà flirté, 12 % ont rencontré leur conjoint.
69 % refusent l’affirmation suivante : « Au boulot soit tu marches sur les autres, soit tu te fais marcher dessus ». Et 67 % affirment s’entraider entre collègues.
Le travail peut-être dangereux pour la santé
40 % des ouvriers ou employés, ou les personnes gagnant moins de 1 500 €, estiment que le travail les délabre.
44 % disent ressentir souvent des douleurs physiques, 25 % s’y sont déjà blessés et 36 % déclarent avoir fait un burn-out.
Trop de travail tue le travail
51 % des personnes interrogées affirment que leur charge de travail est excessive. Et 58 % disent ne pas avoir le temps de faire leur travail correctement.
Pour ces derniers, les résultats sur la santé – mauvais sommeil, douleurs physiques, recours aux médicaments – sont immédiats. Les douleurs physiques touchent également 44 % des répondants, à plus forte raison pour les salaires inférieurs à 1 500 €.
97 % des personnes interrogées estiment qu’il est juste de tenir compte de la pénibilité du travail dans le calcul de la retraite.
Du manque d’autonomie au mal-être
74 % des travailleurs réclament d’avantage de marge de manœuvre pour organiser leur activité (organisation du planning en amont, mise en pratique de ses idées).
60 % ont l’impression de passer plus de temps à rendre des comptes qu’à travailler.
Le mode de management pointé du doigt
Dans le mal-être existant, la CFDT relève clairement la responsabilité du management. 51 % des répondants disent ne pas pouvoir compter sur l’aide de leur supérieur.
21 % seulement estiment que les promotions profitent « aux plus compétents » et 61 % à « ceux qui savent se faire mousser » ou aux copains de la direction (49 %).
Avoir son mot à dire sur le travail et l’entreprise
73 % des répondants veulent participer davantage aux décisions importantes. Ils pensent que les salariés sont souvent plus lucides sur la réalité de l’entreprise que la plupart de ses dirigeants et 79 % aimeraient que leur entreprise ou leur administration ait un fonctionnement plus démocratique.
« Le modèle de la hiérarchie et du silence semble bien périmé, conclut la CFDT, convaincue que qualité de vie au travail et compétitivité sont liées. Le temps est venu de partager le pouvoir dans l’entreprise. La financiarisation des entreprises a contribué à rendre le travail invisible alors qu’il en est le cœur. C’est pour cette raison que le savoir des salariés est central. Le temps est venu de partager le pouvoir dans l’entreprise et non plus seulement les richesses qu’elle crée. »
Cet après-midi, au siège de la CFDT, les candidats François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Alexis Corbière, représentant de Jean-Luc Mélenchon, plancheront sur la question.
Une grande partie des résultats de ce premier rapport est présentée sur le site de Parlonstravail.fr. Il est également toujours possible de remplir le questionnaire en ligne.