Ségur de la santé : des personnels épuisés cherchent reconnaissance durable

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Publié le 13/01/2021
Par Guillaume Lefèvre

• Six mois après la signature de l’accord, la mise en œuvre du Ségur de la santé reste très incomplète.
• Le 12 janvier, une mobilisation nationale réunissait personnels soignants et accompagnants à l’appel des fédérations CFDT Interco et Santé-Sociaux.
• Plus largement, la CFDT revendique une politique nationale du handicap, de l’accueil de la petite enfance, de la protection de l’enfance, de l’accueil d’urgence et de l’aide à domicile.

« Une chose est sûre : nous ne terminerons pas cette année 2020 comme nous l’avons commencée. La donne a changé pour les soignants, se félicitait le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors du premier comité de suivi de l’accord du Ségur de la santé, le 18 décembre. Les engagements, tenus un à un, sont autant d’ambitions qui donnent du sens et de la reconnaissance à celles et ceux qu’un pays tout entier a applaudis. » Une assertion gouvernementale et une pointe d’optimisme très loin de faire l’unanimité et de convaincre les personnels. Pour de nombreux agents et salariés du soin et de l’accompagnement, c’est même tout le contraire. Voilà pourquoi cette année débute de la même manière que s’est achevée la précédente : par une mobilisation nationale dans les territoires et les établissements sociaux et les services médico-sociaux, du public comme du privé. « Osons sortir. Montrons que nous existons. Ensemble, gagnons cette reconnaissance ! », affirment, déterminés, les militants CFDT. Il y a urgence. Il en va de la qualité et de la pérennité du système de soins et d’accompagnement français.

Quelques avancées, mais…

Certes, certaines des avancées obtenues par la CFDT dans l’accord se sont concrétisées ces six derniers mois : revalorisation salariale de 183 euros mensuels pour près de deux millions de personnels de la fonction publique hospitalière et des Ehpad et anticipation du versement, augmentation de 500 millions d’euros de l’enveloppe destinée aux investissements courants des services de soins… D’autres travaux sont en cours ou à venir (sur le remplacement des postes non pourvus et les nouvelles embauches, les grilles de rémunération des infirmiers ou des aides-soignantes notamment). Mais elles ne concernent pas l’ensemble des personnels. Tant s’en faut. « Le chemin est encore long pour que soit reconnue la valeur de tous les métiers du soin », insiste Ève Rescanières, secrétaire générale de la CFDT-Santé-Sociaux. « Nous regrettons de constater que les avancées restent difficilement transposables dans les autres secteurs, déplore de son côté Catherine Blanc-Vandesteene, secrétaire nationale de la Fédération CFDT Interco. Cela conduit les agents à douter de la réelle volonté du gouvernement de réparer cette injustice. »

Colère et incompréhension

Les salariés et agents du social, du médico-social, du maintien à domicile et du lucratif attendent toujours la reconnaissance de leur engagement auprès des usagers, souvent en situation de dépendance ou de précarité : les personnes âgées, les personnes dont la qualité de vie est altérée par un handicap, les enfants en danger ou encore les personnes en situation d’exclusion… En première ligne depuis neuf mois, épuisés, ils suivent avec angoisse l’évolution de la situation sanitaire. Le mal-être, la fatigue et le découragement de ces professionnels – qui contribuent activement par leur travail à la cohésion sociale de notre pays – sont profonds. Leur colère et leur incompréhension grandissent. « Halte à l’inacceptable ! Le Ségur de la santé doit montrer toute son utilité et s’appliquer dans tous les secteurs et à tous les personnels des collectivités et des établissements sociaux et médico-sociaux, qu’ils soient territoriaux ou hospitaliers », s’agacent les deux fédérations cédétistes. « Nous demandons que s’ouvre sans plus attendre le calendrier des négociations dans le social et le médico-social. Il n’est pas “entendable” que des agents qui exercent des fonctions similaires à celles du secteur sanitaire soient bafoués, ajoute de son côté Catherine Blanc-Vandesteene. S’il s’agit de rémunération et d’une juste reconnaissance de leur utilité sociale, il est aussi question de lutter contre la précarité de nombreux emplois, d’améliorer leurs conditions quotidiennes de travail, de sécuriser leurs parcours professionnels. »

“Le manque d’attractivité devient une maladie mortelle”

En conséquence, les Santé-Sociaux et Interco appellent les employeurs publics et privés à prendre leurs responsabilités et dénoncent une certaine hypocrisie des acteurs. Comme lorsque l’État, après avoir qualifié de « visionnaire » l’augmentation moyenne de 15 % des salaires obtenue dans la branche de l’aide à domicile, refuse in fine d’accorder les financements pour des raisons d’arbitrages budgétaires. Inacceptable et humiliant pour les salariés de la branche. « 2021, c’est l’année du vaccin. Administrons une dose au gouvernement pour prévenir le manque d’attractivité, qui devient une maladie mortelle », rappelle la CFDT. Un avis partagé par Stéphane Postollec, secrétaire général du Syndicat Santé-Sociaux du Finistère, et les 120 militants finistériens qui ont fait le déplacement jusqu’à Paris pour manifester devant le ministère de la Santé, après avoir rencontré ces dernières semaines les députés et sénateurs bretons. Alors que résonne un chant militant écrit et enregistré par Stéphane, il en reprend les paroles : « L’accord Ségur, nous, on l’a bossé, contrairement à d’autres qui veulent le torpiller. Ce n’est que le début de ce qu’on veut gagner. Et nous, et nous, on est là. Prêts à s’engager sur tous les combats, nous ne lâcherons pas. Dialogue social, nous, on y croit. »

glefevre@cfdt.fr 

photo DR

14 janvier 2021 |

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